Top 10 de mes BD préférées : la foire aux phylactères

BD top 10

J’ai beaucoup parlé de livres sur ce blog, mais je n’ai pas encore abordé un genre que j’apprécie aussi beaucoup : la bande dessinée.

Assez longtemps, mes connaissances dans ce domaine se sont limitées à Astérix et Lucky Luke, dont mon père possédait (et possède toujours) les collections complètes. Je pensais que la BD était un genre uniquement destiné aux enfants.  Puis j’ai découvert de nouveaux horizons, des auteurs dont le trait et les scénarios sont venus me chercher.

Je préfère parler de liste plutôt que de classement car l’ordre dans lequel je les présente ne reflète ni ma préférence (qui peut varier selon les jours) ni la valeur de l’ouvrage. C’est seulement l’ordre dans lequel ils me viennent.

Le Grand Pouvoir du Chninkel (Rosinski / Van Hamme)

Derrière ce titre barbare se cache ma première grande révélation. De l’héroïc fantasy, un souffle épique à décorner les boeufs, une quête, de l’humour, un peu de cul aussi (Volga la prophétesse ne peut exercer son pouvoir qu’en ayant un orgasme, les personnages sont souvent fort dévêtus), des références à la Bible, bref, un grand festival !

J’ai tellement aimé cette BD que j’ai dû la lire 3 fois de suite pour bien en savourer toutes les subtilités.

C’est vraiment par là que je suis entrée dans l’héroïc fantasy, bien avant Tolkien et Pratchett.

 

Bidouille et Violette (Hislaire)

Je suis tombée sous le charme de cette BD tendre et poétique, empruntée au hasard dans une bibliothèque quand j’étais petite. Le gros Bidouille, fils du marchand de frites, est amoureux de Violette, une belle mayonnaise (ben oui, elle habite à Mayon !) Mais le pauvre Bidouille est très timide, et Violette est très distraite … Leurs aventures se développent sur 4 albums. Ce qui est remarquable, c’est le glissement progressif de l’humour vers le fantastique (surtout dans le troisième tome : La Reine des Glaces) puis vers le tragique.

Le quatrième et dernier tome s’achève sur une fin ouverte, Hislaire ne s’étant jamais prononcé sur le sort de ses personnages.

 

Sambre (Yslaire)

Yslaire, c’est Hislaire pour les grands … Une histoire d’amour romantique et tragique au XIXème siècle, une esthétique sombre et torturée. Bernard Sambre, un jeune bourgeois, tombe amoureux de Julie, une jeune fille aux yeux rouge sang. Leur amour impossible les conduira au déchirement et à la mort.

La série de Sambre sera divisée en 3 générations (pour l’instant, ne sont parues que la première et la moitié de la deuxième, ce qui m’inquiète un peu, connaissant la tendance d’Yslaire à ne pas finir ce qu’il commence) :

– Bernard et Julie

– Bernard-Marie et Judith

– Nelson et Judith

Une autre série existe, en parallèle à celle-ci : La Guerre des Sambre. Je ne m’y suis pas encore plongée, de peur de rester en suspend une nouvelle fois.

 

La Caste des Méta-Barons (Jodorowski/Gimenez)

Changement total de cap avec cette saga techno futuriste aux échos de mythologie gréco-latine.  Cette série raconte l’histoire des Méta-Barons, farouches guerriers dont le rite d’initiation est la mutilation du corps, l’intégration de prothèses bioniques et le meurtre du père. Le récit est pris en charge par Tonto, le robot serviteur du dernier Méta-Baron, le plus puissant de tous, pour le compte d’un autre robot serviteur, Lothar.

La saga s’organise de façon symétrique, chaque génération étant représentée par un homme et une femme. Nous retrouvons ainsi :

– Les trisaïeuls : Othon et Honorata

– Les bisaïeuls : Aghnar et Oda

– Les aïeuls (oui, on dit aïeuls et pas aïeux quand ce mot désigne directement les grand parents et non les ancêtres ! Ne me remerciez pas, c’était le moment culturel) : Tête d’Acier et Dona Vicenta Gabriela de Rhoka

– Le père-mère (alors là, si vous n’avez pas lu la saga, bonne chance pour comprendre …) : Aghora

La Caste des Méta-Barons, c’est du mythe grec dans toute sa sauvagerie et sa puissance évocatrice. Les personnages sont grandioses, le fatum (destin) omniprésent. Finalement, la seule chose qui me froisse un peu est l’intervention des deux robots, parfois un peu répétitive et dont l’humour me paraît assez lourd.

Peter Pan (Loisel)

Ce Peter Pan, c’est l’anti Walt Disney. La misère, la violence, l’alcoolisme, la prostitution, voilà le quotidien du jeune Peter. Le pays de Nerverland n’est pas non plus digne d’un conte de fée. L’univers sombre de Sir James Matthew Barrie est repris et développé. Nous sommes loin de la pensée angélique de l’enfance : Peter n’est pas un gentil garçon qui ne veut pas grandir. Il est brutal, narcissique, égoïste, inquiétant …

La figure de Jack l’Éventreur hante aussi les pages de Loisel, qui appuie ainsi la thèse de Pierre Dubois. Définitivement, cette BD n’est pas à mettre entre toutes les mains (comme dirait le Capitaine Crochet…)

 

 Foerster

Je ne parle pas d’une série ici, mais carrément d’un auteur. Foerster est un ovni, un maître de l’humour noir à la sauce Mickey. Ses recueils d’histoires sont un met raffiné pour gourmet (enfin, un gourmet qui aurait le cœur bien accroché tout de même). A chaque page, on se dit : « il ne va pas oser quand même ? » Et si, il ose ! Comme un sale gosse qui éclaterait de rire après avoir déclaré sa flamme à une inconnue.  Les titres de ses recueils sont déjà tout un programme : La soupe aux cadavres, Porte à porte malheur, Hantons sous la pluie … Et sa version de Pinocchio vaut son pesant de bois mort.

 

Tales from the Crypt (Jack Davis)

Suite logique de Foerster, retour au grand classique qui a bercé mon enfance à la télévision. Dès que j’ai pu trouver les BD en français, je me suis jetée dessus. Des histoires macabres à souhait, souvent moralisatrices mais tellement gore qu’on l’oublie rapidement, racontées par la sorcière, le gardien de la crypte ou la sentinelle du cimetière. Le dessin en noir et blanc fourmille de détails et l’humour (noir bien sûr) est toujours au rendez-vous. Certes, les scénarios manquent parfois de finesse, mais quel bonheur de se laisser glisser dans cet univers monstrueusement régressif !

 

 

 Idées noires (Franquin)

Pour moi, le chef d’oeuvre de l’auteur. Drôles, mordantes, féroces, avec des titres brillantissimes, les planches de Franquin restent furieusement d’actualité. Le trait est aussi noir que l’humour, et rien ni personne n’est épargné : les militaires, les chasseurs, la religion, la peine de mort, le nucléaire … On jubile à chaque page et on réfléchit aussi. Certains gags sont de grands classiques qu’on aime citer entre amis (le fameux « non mon gars, tu ne mourras pas gelé ! ») et Franquin s’est même chargé de ma culture en langues étrangères (« Filho da puta da passaro de merda » est devenu une de mes insultes favorites).

C’est grinçant, c’est morbide, c’est désespéré … mais c’est tellement bon !

 

Clin d’œil (Ernst)

Totalement aux antipodes, Clin d’œil se présente sous la forme de gags d’une ou deux images, très colorées et parfois sans texte. L’humour et la poésie naissent de situations incongrues, de rapprochements inattendus. Parfois, il faut réfléchir un moment avant de comprendre l’humour de la situation présentée, et j’avoue que parfois cela reste un peu obscur, mais cette BD est à retenir pour son charme un peu désuet et sa candeur.

 

Maus (Art Spiegelman)

Maus n’est pas vraiment une BD mais un roman graphique. Spiegelman fait le pari de raconter la Shoah en utilisant des animaux en guise de personnages. Ainsi, les juifs sont représentés par des souris, les nazis par des chats, les polonais par des cochons, les français par des grenouilles …

Deux histoires et deux temporalités se superposent :

– celle de l’auteur, dans les années 70, ses relations difficiles avec Vladek, son père, survivant de la Shoah, sa culpabilité d’avoir survécu à son frère mort pendant la guerre, d’avoir échappé à tout ça, d’être un privilégié.

– celle de Vladek, dans les années 30/40, qui occupe la grande majorité de l’ouvrage. Il raconte sa vie à son fils, son mariage, son séjour dans le ghetto, sa déportation à Auschwitz, le suicide de sa femme.

Les dessins sont en noirs et blancs, très épurés. Le récit est sombre, désespéré. J’ai été fascinée par cet ouvrage qui aborde un thème douloureux sont un angle inattendu. De quoi être persuadé que la BD n’est pas forcément drôle ou réservée à un jeune public.

 

Voilà donc ce que l’on peut croiser en fouillant dans ma bibliothèque, parmi d’autres titres et d’autres auteurs dont je parlerai sans doute un autre jour !

Miss Tcharafi

Mi-femme, mi-cyborg, je jongle entre Hi-Tech, littérature et cosmétiques. J'ai un avis sur tout et je le partage volontiers, d'autant plus que j'ai toujours raison. Mon but ultime est d'être Terminator avec du gloss.

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